A rebours des seules photographies, ces textes présentent un autre regard sur ce qu’est l’Art urbain. Ils permettent de donner voix à la diversité de parcours et de vie de ces femmes et de ces hommes qui sortent dans la rue pour créer. Car l’éclectisme de ce mouvement vient aussi de la multiplicité de celles et ceux qui le composent. Le regard sur la rue en tant qu’espace de création n’est pas le même lorsqu’on a vingt-cinq ans ou plus de quatre-vingt-dix, que l’on crée de façon illégale ou subventionnée, anonymement ou pour les réseaux sociaux, préparant en atelier ou traçant à la bombe un geste impulsif et spontané. Pour certains d’entre eux l’Art est publicité, pour d’autres l’Art est Art ; leur démarche prend parfois ses racines dans l’Art conceptuel, mais pour un grand nombre la rue permet aussi et peut-être surtout un retour du sensible. Cela sans compter le rapport au public : en effet, il n’est guère de pratique artistique dans laquelle l’ambivalence de s’exprimer à la fois seule et avec les autres soit marquée de façon aussi frappante. En cela, l’Art urbain est peut-être la forme d’expression évidente du début du XXIe siècle.